John Calvin: Sermon 22 on Matthew 1:22-25 (Mary’s Perpetual Virginity)

John Calvin: Sermon 22 on Matthew 1:22-25 (Mary’s Perpetual Virginity) October 14, 2014
HEL219079
Anonymous 16th century portrait of Calvin. [public domain / Wikimedia Commons]
(10-14-14)
(+ partial translation from French by Gregory Fast)

From: Vol. 46 of Corpus Reformatorum, pp. 259-272.

MATTH. Ch. I.

22. Or tout ceci a este faict afin que fust accompli
ce que le Seigneur avoit dit par le Prophète,
disant, 23. Voyci, une Vierge sera enceinte, et enfantera
un fils: et appelleront son nom Emmanuel,
qui vaut autant à dire que Dieu avec nous. 24. Ioseph
donc esveillé de son dormir, feit ainsi que VAnge
du Seigneur luy avoit commandé, et receut sa femme,
25. Et ne la cognut point pendant le temps qu’elle
devoit enfanter son fils premier nay: et appela son
nom Iesus.

Si nous ne conioignions la Loy et les Prophètes
avec l’Evangile, nous pourrions avoir quelque doute
en nos esprits pour la nouveauté, d’autant que cela
pourroit estre iugé estrange, que Dieu ait manifesté
son Fils au monde, comme s’estant avisé soudain
d’avoir pitié des povres creatures qui estoyent damnées.
Il a donc falu que dés la cheute d’Adam il
y eust promesse du salut qui devoit estre donné de
Dieu pour remède du mal. Les Peres se sont là
attendus, et toutes les ceremonies se devoyent rapporter
à ceste fin, comme fort souvent nous le
voyons en l’Escriture saincte. Or doncques voyci
sur quoy il nous faut estre fondez, c’est à sçavoir
que nostre Seigneur Iesus Christ n’est point apparu,
comme si Dieu avoit prins conseil de nouveau, et
avoit disposé de racheter le monde: mais que selon
qu’il avoit este prédit de tout temps, il a accompli
tout ce qu’il nous faloit espérer. Et voyla pourquoy
il est dit que l’Evangile ha tesmoignage de
la Loy et des Prophètes, que nostre Seigneur Iesus
c’est la fin de la Loy, et qu’il en est l’ame pour
la vivifier. C’est aussi pourquoy maintenant S. Matthieu
adiouste un passage notable et digne de memoire
du Prophète Isaie, pour conformer ce qu’il
avoit dit quant à nostre Seigneur Iesus Christ. Il
monstre donc qu’on ne doit point disputer comment
Iesus Christ est apparu sur terre. Car quand le
Prophète Isaie a parlé, les Peres anciens se sont
appuyez sur ceste vérité qui leur estoit certaine, et
en la mort ils se sont esiouis: comme nous voyons
mesmes devant que la Loy fust publiée, si long
temps devant qu’Isaie fust nay, que Iacob rendant
les derniers souspirs dit, I’attendray ton salut ô
mon Dieu. Par plus forte raison, quand les Prophéties
ont este adioustees, les Peres aussi ont este
asseurez de leur salut, en sorte qu’ils pouvoyent
protester qu’ils mouroyent en l’espérance de la vie
éternelle, puis qu’ils avoyent accepté la grace qui
leur estoit offerte, voire au nom de celuy qui estoit
seulement figuré par ceremonies et par ombrages,
et qui devoit estre manifesté en chair, quand le
temps de plenitude seroit venu, comme S. Paul
l’appelle.

Poisons bien donc les morts de S. Matthieu,
Tout cela (dit-il) a este faict à fin que ce qui avoit
este dit de Dieu par son Prophète, fust accompli.
Yci S. Matthieu ne se fonde point sur l’authorite
d’Isaie, le prenant comme un homme mortel, mais
comme organe du S. Esprit. Il pouvoit bien user
d’un langage plus simple, afin que ce qu’Isaie avoit
dit, fust vérifié: mais il parle d’une façon plus
autentique, à ce que sa doctrine soit receuë sans
aucune réplique. Dieu (dit-il) a parlé par la bouche
de son Prophète. C’est donc autant comme s’il
monstroit que Dieu n’a rien faict, qu’auparavant il
n’eust preveu et ordonné en son conseil, et mesme
qu’il n’eust déclaré par ses Prophètes. Que si
quelqu’un vouloit yci disputer, pourquoy Iesus Christ
n’a este donné plustost apres la cheute d’Adam, et
comme Dieu a tenu ainsi son Eglise en suspens,
nous avons à noter ce qui est dit par S. Paul, que
l’Evangile est un message de ce que Dieu a retenu
et réservé de tout temps en son conseil estroiot.
Et ce n’est pas à nous, de le faire haster: il cognoist
l’opportunité, voire et nous faut remettre là,
et nous contenter de ce qu’il a voulu que sous la
Loy les Peres espérassent en ceste redemption qui
leur e8toit promise: mesme devant la Loy qu’ils
ont espéré que Dieu leur seroit bénin et propice.
Or puis que maintenant nous surmontons ceux qui
ont V68CU devant nous, et d’autant que nostre condition
est meilleure, et que nous sommes comme
privilegez par dessus eux, que nous advisions bien
aussi de recevoir en toute humilité la grace qui
nous est communiquée.

Venons maintenant au passage du Prophète,
Voyci, une Vierge sera enceinte, et enfantera un fis
lequel sera nommé Emmanuel, c’est à dire Dieu
avec nous. Devant toutes choses il nous faut monstrer
comment ce passage doit estre entendu de
nostre Seigneur Iesus Christ, et non autrement.
Car les Iuifs ont usé de tous subterfuges qui leur
a este possible, pour faire à croire que là il n’est
point parlé de Iesus Christ ne du Rédempteur du
monde. Car ils allèguent que cela fust venu mal
à propos, pource qu’il estoit question d’asseurer le
roy Achaz que la ville de Ierusalem seroit délivrée,
laquelle pour lors estoit assiégée de deux Roys, à
sçavoir, d’Israël et de Syrie. Si donc Iesus Christ
eust este yci promis, de quoy pouvoit il servir?
Voyla (di-ie) la cavitation des Iuifs, à fin de nous
arracher ce passage, et aussi d’accuser les Evangelistes
comme s’ils avoyent abusé de l’Escriture.
Or la response est assez facile à cela. Car le Prophète
avoit donné le chois et liberté au roy Achaz
d’élire quelque signe, ou demander à Dieu un miracle,
fust au ciel, fust en la terre, afin d’estre
certifié qu’il seroit secouru en bref, et que ces deux
Rois, quelques puissans qu’ils fussent, ne pourroyent
t rien contre luy, et qu’ils s’en iroyent sans rien
faire. Achaz estoit là tremblant comme la fueille
en l’arbre, ainsi que le Prophète use de ceste
similitude: et ce malheureux estant ainsi saisi d’incredulite,
veut encore faire bonne mine, et avec
son hypocrisie il respond au Prophète, Moy? ia
Dieu ne plaise que ie demande quelque signe, ne
que ie tente mon Dieu. Le voyla (ce semble) tant
bien résolu que merveilles: et toutesfois il est enserré
d’angoisse, en sorte qu’il ne peut recevoir
nulle consolation, et reiette le bien qui luy estoit
offert. Voyla donc une povre ame damnée, et
toutesfois’ il fait bien semblant d’estre tout asseuré.
Or là dessus le Prophète dit, Maison de David
(voire par reproche et non point par honneur: il
est vray que ceste maison estoit la plus honorable
qui jamais fut, ne puisse estre, d’autant que Dieu
avoit deciairé que de Jà viendroit la semence bénite
qu’il avoit promise desia à Abraham, et devant
luy, après qu’Adam fut trebusché, et que tout estoit
confus et perdu. Il dit donc, Maison de David)
qui devriez estre miroir et patron de foy, et de
crainte de Dieu: qui maintenant vous faciez la
guerre et à Dieu et aux hommes? Car vous me
voyez yci Prophète estant authorise de Dieu, vous
me despitez, et ma doctrine ne vous est que fable.
Mais qui pis est, quand Dieu m’envoye avec une
charge speciale, et qu’il vous fait ce bien de vous
mettre là comme un memorial devant vos yeux du
bien qu’il vous veut faire, et que vous le faciez
(par manière de dire) descendre yci bas pour estre
entre vous non seulement quant à son essence,
mais quant à sa vertu et maieste, comme s’il se
monstroit d’une façon visible, et que vous soyez
rassasiez de luy, et cependant que vous reiettiez
tout cela? Or quoy qu’il en soit, Dieu vous donnera
un signe, c’est que la Vierge concevera et
enfantera. Quand le Prophète parle ainsi, c’est
comme s’il disoit, Vous despitez Dieu, vous n’estes
pas donc dignes d’avoir un miracle pour monstrer
qu’il sera vostre gardien: mais tant y a que Dieu
achèvera ce qu’il a déterminé en son conseil, c’est
que la ville de Ierusalem sera guarentie. Or il les
ramené à ceste heure au fondement de toutes les
promesses: comme s’il disoit, En despit de vous si
faudra-il que Dieu se monstre fidèle, envoyant le
Sauveur qu’il a promis. Bataillez avec toutes vos
desfiances, soyez obstinez iusqu’au bout, empeschez
tant qu’il vous sera possible le décret de Dieu:
Ho, vous n’en viendrez point à bout: car Dieu
vous surmontera, et en la fin encore recueillera-il
le résidu de son peuple, et le Sauveur se declairera
tel qu’il a esté attendu et espéré de son peuple en
tout temps. Mais cela pourroit estre un peu obscur
et difficile, si nous n’avions une clef qui nous
peust servir pour nous y donner ouverture: C’est
qu’il nous faut regarder quel est le style commun
de tous les Prophètes, comme nous le voyons par
tout: à sçavoir que quand ils veulent consoler les
affligez, et qu’ils veulent donner espérance au milieu
des choses confuses, ils mettent en avant nostre
Seigneur Iesus: car c’estoit de là aussi dont tout
le reste dependoit.

Passons outre. Nous avons à distinguer entre
les promesses de Dieu. Il y en a une partie qui
comprend sous soy toutes les autres. Il y a puis
après les promesses speciales des biens que Dieu
veut faire à son peuple, comme s’il les veut secourir
en quelque besoin, s’il les veut délivrer de
quelque mal et perplexité, s’il veut avoir pitié d’eux
en quelque endroict, comme s’ils sont affligez de
guerre, ou de peste, ou de famine, et qu’il vueille
modérer son ire envers eux. Or la promesse generale
c’est ceste paction que Dieu fait avec nous
quand il luy plaist de nous adopter et nous tenir
pour ses enfans, et nous certifier qu’il nous sera
Père et Sauveur. Voyla par où il nous faut commencer:
car nous pourrions bien recevoir des promesses
speciales, et toutesfois cela seroit bien maigre,
et nous n’en attendrions pas grand profit.

Exemple. Si quelqu’un est pressé de griefve maladie,
et que Dieu luy face 6entir qu’il le veut relever
de cest ennuy-là, et bien, encores cognoistrail
la bonté de Dieu en cest endroict: mais cela
8’escoule tantost: car il n’est question que d’un
benefice particulier. Ainsi en est-il de tout le reste.
Gomme quand nous avons tesmoignage que Dieu
nous a délivrez de la main de nos ennemis, qu’il a
destourné quelque guerre de nous, qu’il a retiré sa
main après nous avoir batu de quelques verges,
soit de peste, ou de famine : et bien, cela nous
pourra servir aucunement: mais ce n’est pas pour
nous conduire au chemin de salut, et nous tenir là
du tout. Ce sera bien pour nous faire considérer
qu’il y a un Dieu, et pourrons estre pour quelque
temps debout: mais puis après nous tomberons à
bas, et nostre foy demeurera là comme amortie, et
n’y aura point de vigueur pour passer outre. Que
faut-il donc pour marcher tellement par le chemin,
que nous parvenions au but de nostre salut, et à la
perfection où Dieu nous appelle? Il nous faut avoir
ceste paction generale, c’est que nous soyons bien
résolus qu’il nous veut estre Père et en la vie, et
en la mort. Pourquoy? d’autant qu’il nous a eleus
et adoptez, qu’il nous advouë comme de sa maison
qu’il veut habiter au milieu de nous. Voyla (di-ie)
la promesse generale. Or ceste promesse yci (comme
i’ay desia dit) comprend toutes les autres, tellement
qu’elles n’en sont qu’accessoires. Il est vray que
Dieu quelques fois usera bien de quelque grace
envers les incrédules: mais cela n’ha point de sel
(comme on dit) car ils ne peuvent gouster le bien
que Dieu leur fait: mais pour appliquer les promesses
à nostre salut, ie di les promesses speciales,
il faut que nous ayons cela devant toutes choses,
que Dieu nous a choisis à soy, et qu’il nous veut
tenir pour ses enfans. Ainsi donc il nous faut
maintenant observer, que quand les Prophètes
ameinent nostre Seigneur Iesus Christ, et l’Alliance
de Dieu, il n’est pas question de promettre seulement
que Dieu aura pitié des affligez: et que ce
n’est pas en vain qu’ils parlent. Car ils ne tournent
point du coq à l’asne (comme on dit), mais
ils monstrent, Puis que Dieu vous a adoptez, il
sera Père envers vous. Or estant Père, il modérera
sa rigueur: et encores qu’il vous chastie pour
vos fautes, tant y a que iamais sa miséricorde ne
départira d’avec vous. Espérez donc que l’issue de
vos afflictions sera bonne et heureuse, d’autant que
Dieu vous est Père. Voyla sur quoy les Prophètes
se sont arrestez quand ils ont mis en avant l’adoption
du peuple, afin de donner quelque resiouissance
et allégement à ceux qui estoyent comme povres
gens esperdus. Or il nous faut sçavoir quel est le
fondement de ceste alliance: c’est à sçavoir que
Dieu a iadis adopté les enfans descendus de la
lignée d’Abraham: et qu’auiourd’huy il a voulu que
l’Evangile fust publié, afin de nous conioindre avec
ce peuple qui luy estoit pour lors peculier: voire
mais que cela a tousiours este fondé sur nostre
Seigneur Iesus Christ, comme sainct Paul dit qu’en
luy toutes les promesses de Dieu sont ouy et Amen.
Sinon donc que le peuple des Iuifs eust regardé à
nostre Seigneur Iesus Christ, ils ne pouvoyent pas
espérer que Dieu auroit pitié d’eux: mais quand
ils ont cognu que le Rédempteur leur appartenoit,
que c’estoit comme leur heritage qui ne leur pouvoit
faillir: là dessus ils ont conclu que Dieu donc
ne leur pouvoit non plus faillir: et là dessus ils se
sont tousiours fié que Dieu leur feroit miséricorde:
et combien qu’il les chastiast par fois quand ils
avoyent offensé, que neantmoins les playes ne seroyent
point mortelles, que tousiours il reserveroit
ce qu’il avoit eleu, d’autant que son adoption est
immuable, ainsi que dit Sainct Paul. Car selon
que Dieu ne se peut repentir, il faut que cela demeure
ferme et inviolable, c’est qu’il garde iusques
en la fin ceux qu’il a eleus. Nous voyons maintenant
que le Prophète a tresbien appliqué ceste
sentence, laquelle est yci récitée par S. Matthieu:
comme s’il disoit, Et bien, ie vous présente vostre
délivrance, vpus declarant que ce siege qui est
maintenant devant vostre ville sera levé: ie vous
declaire au nom de Dieu que toute la fureur et
impétuosité de vos ennemis s’en ira bas: cependant
vous n’estimez point le bien que Dieu vous offre,
mesme8 vous le despitez entant qu’en vous est, et
avez en moquerie le message que Dieu m’a commis.
Or si ne ferez-vous point pourtant, que Dieu ne
demeure Sauveur du peuple qu’il a eleu. Voyla
donc Isaie qui rameine le Roy Achaz, et tous les
autres incrédules, et pareillement les infidèles qui
estoyent meslez parmi: il les rameine (di ie) à ceste
adoption commune: comme s’il disoit, que Dieu
demeurera tousiours ferme en son propos. Ainsi,
c’est une cavillation trop frivole, quand les Iuifs
estiment que cela a este sans raison et sans fondement,
qu’Isaie ait parlé de nostre Seigneur Iesus
Christ, quand il faloit asseurer le Roy Achaz et
tout le peuple que les ennemis, c’est à sçavoir, le
roy d’Israël, et le roy de Syrie, seroyent deschassez.
Nous avons solu ceste question-là.

Cependant il y a un autre poinct, qui a troublé
ceux mesmes qui ne voudroyent point pervertir à
leur escient ce passage du Prophète. Car la malice
des Iuifs est du tout désespérée en cest endroict.
Mais aucuns qui n’eussent point voulu de propos
délibéré pervertir l’Escriture saincte, ont este confus
pource que le Prophète adiouste, Devant que l’enfant
puisse nommer ne  père ne mere, devant qu’il
discerne entre le bien et le mal, ces deux Rois I
seront ruinez: et là dessus leur a semblé que le
Prophète continuoit tousiours à parler de cest enfant
qui devoit naistre. Or ce n’est pas ainsi.
Car le Prophète, après avoir parlé de la personne
du Fils de Dieu, et avoir déclaré qu’il seroit envoyé
en son temps, il adiouste, Devant que les
petis enfans qui vivent’ auiourd’huy puissent prononcer
les noms de père et de mere> qu’ils puissent
discerner entre le bien et le mal, il est certain que
vous verrez vos ennemis desconfits, et vous aurez
tesmoignage que Dieu a este le protecteur de ceste
ville de Ierusalem. Venons maintenant plus outre.
Les Iuifs après avoir tasché d’obscurcir toute la
clarté, et mesme de renverser ceste sentence, ameinent
des fables qui sont du tout pueriles: mesmes
avec leur orgueil magistral ils n’ont point eu honte
de dire qu’il estoit parlé du Roy Ezechias, lequel
avoit desia quatorze ans, et lequel ils mettent en
l’air pour devoir estre conceu puis #pres. Et voyla
desia un homme tout formé. En cela voit-on leur
bestise: et-non seulement leur bestise, mais une
horrible vengence de Dieu, qui -les a frappez de
cest aveuglement-là, qui est un iugement espovantable,
quand les hommes falsifient ainsi la vérité
pour la tourner en mensonge. Mais ils nous allèguent
que sainct Matthieu a destourné le mot dont
use le Prophète, quand il dit, Voyci, une Vierge
concevera: car il est parlé d’une fille, et non pas
d’une vierge, disent ils. Or afin de n’entrer point
en combat trop subtil, laissons-là le mot. Il est
vray qu’en l’Escriture il se prend pour une vierge
ordinairement: mais nous n’insisterons pas là dessus,
d’autant qu’il n’est ia besoin d’entrer en tels
débats, et sur tout quand nous voyons une obstination
telle et si incorrigible, que moyennant qu’ils
puissent avoir quelque petit subterfuge, ce leur est
tout un. Et de faict, ils sont là comme des chiens
mastins qui abbayent, encore qu’ils ne puissent
mordre. Dieu a là desployé une si horrible vengence,
que quand nous contemplons un Iuif, il est
certain que nous en devons estre esbahis comme
d’un monstre. Eé pourquoy? D’autant que Dieu
(comme i’ay desia dit) les a hebetez, et qu’ils ont
le voile devant leur yeux, comme sainct Paul en
parle, et encore que la clarté luise, ils n’y voyent
goutte, il n’ont point de sens commun non plus que
des bestes. Ne debatons point donc du mot, mais
regardons à la substance. Il est dit, Voyci, une
fille concevera. S’il estoit parlé d’une conception
ordinaire, et qui fust selon le cours de nature, le
Prophète ne diroit pas, Dieu vous donnera un signe:
ce ne seroit pas un miracle. Quel miracle y a-il,
qu’un homme engendre, et qu’une femme conçoyve
et enfante? Cela donc ne seroit rien. Et ainsi
nous voyons que les Iuifs foullent aux pieds l’Escriture
saincte, quand ils apportent là- leur groin
comme des pourceaux, pour faire que l’Escriture
saincte n’ait nulle reverence, et qu’ils puissent
anéantir la foy que nous avons en nostre Seigneur
Iesus Christ. Ce qu’ils machinent toutesfois en
vain: car après s’y estre efforcez tant et plus, ils
demeureront tousiours confus en leur honte. Or
donc il est bien certain qu’il est yci parlé d’une
chose notable et singulière, et non point de ce qui
estoit desia en usage commun, quand il est dit,
Dieu vous donnera un miracle, c’est qu’une fille
enfantera.

Voyla pour un item. Il y a le second, Qu’on
appellera le nom de l’enfant, Emmanuel. Il est
certain que ce nom yci ne pouvoit convenir à nulle
creature simple. Car Iesus Christ, quant à son
humanité, a bien este créé et formé: mais cependant
si est-ce qu’il est appelé, Dieu avec nous. Si
on allègue, que tousiours Dieu a eu son domicile
au milieu du peuple: comme il a dit, Voyci mon
repos: Item, Voyci ie seray au milieu de Ierusalem:
et puis tant souvent il est réitéré en la Loy, le
suis vostre Dieu qui vous sanctifie, habitant au
milieu de vous: i’ay là ma tente et mon pavillon.
.Si donc on allègue que les figures de la Loy ont
desia monstre cela, c’est tant mieux pour nous: ie
di pour monstrer que la foy Chrestienne est asseuree
de ce passage du Prophète. Et pourquoy? Quand
le nom est donné à Iesus Christ d’Emmanuel, c’est
à dire Dieu avec nous, il est certain que là il y a
une declaration expresse, combien que Dieu auparavant
se fust approché de son peuple, et qu’il
eust là conversé familièrement, que toutesfois ce
n’estoit rien au pris de ceste manifestation seconde.
Car il est yci parlé comme d’une chose nouvelle et
exquise, et qui n’a iamais este ni accoustumee ni
ouye. Voyla donc le nom d’Emmanuel, qui emporte
une autre maieste que toutes les figures, les
ombrages, les ceremonies, les tesmoignages, et les
arres, et tout ce que Dieu avoit donné de sa presence:
tout cela est de petite importance, si on
fait comparaison de la presence de Dieu en la personne
de nostre Seigneur Iesus Christ. Ainsi donc
il n’y a nulle doute que le Prophète n’ait declairé
ce que sainct Paul dit par autres mots, mais equipolens:
c’est asçavoir que Iesus Christ est Dieu
manifesté en chair. C’est (dit-il) un grand secret,
quand il parle de la charge de l’Eglise, et que c’est
une chose qui surmonte toute faculté humaine d’annoncer
l’Evangile. Comment? dit-il: est-ce peu de
chose que ce secret admirable de Dieu soit publié
par la bouche d’une creature, c’est à sçavoir que
Dieu soit manifesté en chair? Nous voyons en la
personne du Rédempteur premièrement Dieu créateur
du monde, devant lequel il faut que tout genouil
se ployé: et nous voyons cependant nostre
nature, nous voyons un corps mortel, c’est à dire
qui a este mortel, voire avec nos infirmitez. Nous
contemplons en la personne de Iesus Christ, d’un
co8té Dieu, et puis après nous, comme si Dieu
estoit uni avec les hommes. Voyla donc ce que le
Prophète Isaie a entendu. Et sainct Paul en l’autre
passage continue, en disant que Dieu estoit en
Christ reconciliant le monde à soy: comme s’il disoit
que les figures de la Loy n’ont pas este vuides.
Il est vray qu’il y a eu vertu, et que Dieu n’a
point abusé son peuple ni aux sacrifices, ni aux
lavemens, ni au Sanctuaire, ni en l’Arche, ni en
l’autel qu’il avoit ordonné. Dieu donc estoit là:
voire, mais ce n’estoit sinon pour entretenir l’espérance
du peuple, iusqu’à ce qu’il eust accompli ce
qu’il avoit promis. Or donc il s’est déclaré d’une
autre façon en Iesus Christ, pour reconcilier le
monde à soy, et cela n’avoit iamais este ni veu ni
cogneu. Et c’est pourquoy il dit tiercement en
l’autre passage, que toute plenitude de divinité
habite en Iesus Christ corporellement. Par ce mot
il discerne entre toutes les espèces de figures qui
ont este sous la Loy, et sous les Prophètes, et ceste
manifestation de Dieu envers les hommes. Dieu
donc estoit bien conioint aux hommes, et les a re
cueillis à soy de tout temps en vertu de ses promesses
qui leur a faites: mais cependant il n’y
avoit point ceste plenitude de divinité: c’est à dire,
Dieu ne s’estoit point entièrement manifesté, ainsi
donnoit en partie seulement aux Peres anciens
quelque goust de sa presence. Or en la personne
de son Fils unique il s’est déclaré en toute perfection,
tellement qu’il nous faut espérer du tout en
nostre Seigneur Iesus Christ, et ne vaguer plus ne
ça ne là, ni estre en suspens, pour dire, Dieu envoyera
encores d’avantage. Nous avons tout. Et
c’est ce qu’il adiouste, Corporellement: comme s’il
disoit, Nous embrassons (par manière de dire) en
nostre Seigneur Iesus Christ, le Dieu qui nous a
créez et formez. Non pas que son essence soit enclose
au corps de nostre Seigneur Iesus Christ:
mais il veut exprimer le bien inestimable que Dieu
nous a faict, quand il luy a pieu descendre si bas
pour se conioindre à nous en la personne de son
Fils, afin que nous soyons faits tous un ensemble,
comme il est dit au dixseptieme chapitre de
sainct lean.

Or ce qu’adiouste le Prophète conforme tousiours
ceste doctrine, quand il dit que l’enfant dont
il parle, qui naistra de ceste Vierge, mangera du
miel et du laict, iusqu’à ce qu’il discerne entre le
bien et le mal. S’il eust parlé d’un enfant commun,
cela seroit superflu, et mesmes il seroit froid et
inepte de dire, Il sera allaicté: et bien, on sçait
que les enfans sont allaittez, qu’ils croissent, et
viennent en aage de discretion, qu’on appelle. Cela
ne seroit iamais dit des enfans qui seront procréez
selon l’ordre de nature: mais pource que c’est une
chose incroyable que Dieu mangeast du miel, et
qu’il fust repeu de laict à la façon commune des
enfans, voyla pourquoy notamment le Prophète
l’exprime, comme s’il disoit, Voyci une chose qui
surmonte tout sens humain, et il nous faut adorer
ce conseil incomprehensible de nostre Dieu: que
celuy qui a créé toutes choses, et qui les ha sous
sa main et puissance, et en dispose selon son bon
plaisir et sans aucun contredit, n’empeschement,
soit subiet à faim, et ha soif: que celuy qui.nourrit
les hommes et les bestes, et les oiseaux, soit traitté
à la coustnme des enfans, et qu’il soit nourri et
alaitté: celuy qui est la Sagesse éternelle de Dieu
son Père, soit là ignorant, ne sçachant cognoistre
ne père ne mere, n’ayant nulle discretion de bien
et de mal. Voyla donc des choses qui seroyent
si estranges, qu’il seroit impossible de les croire,
sinon que nous en fussions notamment advertis.
Par ainsi nous avons encores en ceci un argument
invincible, pour monstrer qu’il est parlé de Iesus
Christ, et non d’autre. Car le Prophète a voulu
exprimer, qu’en la naissance de cest enfant il y
aura une clarté de Dieu si haute, et si profonde,
que les hommes la pourront appercevoir, sinon
qu’ils soyent hebetez du tout, pour ne point recevoir
ce qui leur sera dit. Il y a le quatrième argument,
quand il est dit que cest enfant sera le
Roy de sa terre, et mesme que la terre de Iudee
seroit sienne. Ta terre (dit le Prophète) ô Emmanuel.
Or il est certain qu’encores qu’il y eust
des Rois qui dominoyent par ci et par là, la terre
de Iudee estoit sous la main et sous l’empire de
Dieu. Quand donc ceste terre est donnée à celuy
qae le Prophète nomme Emmanuel, ce n’est pas
que Dieu quitte son droict, ne qu’il s’en despouille
pour le resigner à un autre: mais c’est d’autant
qu’en la personne de nostre Seigneur Iesus Christ
il est apparu, et a là habité, comme les Pseaumes
en parlent, qu’il a prins possession de ceste terre.
Comme par tout il est dit, Dieu regne, que les
Isles et pays lointains s’esiouissent: pource que
Dieu s’est déclaré Roy souverain de tout le monde,
et s’est assuietti ceux qui luy estoyent rebelles auparavant,
qui eBtoyent esgarez de luy, et qui n’eussent
daigné en ouir parler. Voyla donc en somme
comme ce passage ne peut estre exposé ni entendu
que de Iesus Christ.

Or cependant pour le profit et instruction de
nostre foy, poisons bien ce mot d’Emmanuel, et
cognoissons puis qu’en nostre Seigneur Iesus Christ
nous sommes conioints avec Dieu, qu’il n’est plus
question d’estre proumenez ni de costé ni d’autre,
mais il nous faut avoir un certain arrest. Et si
ceci eust este bien cognu et persuadé, il est certain
que le monde n’eust pas este distraiet en tant de
superstitions comme on le voit: et un tel labyrinthe
qu’il y a sur tout en là Papauté, iamais n’eust este
dressé par Satan. Pourquoy? Quand nous avons
cognu Dieu estre avec nous, que demanderons-nous
plus? Mail il a falu avoir des patrons et des advocats,
des moyens infinis pour plaire à Dieu, des
façons de faire: et chacun en a forgé en sa teste,
et n’y a iamais eu fin: comme aussi nous voyons
que c’est de la Papauté. Car si on regarde ce qui
s’y fait, on y trouvera une confusion si terrible,
que c’est (brief) pour nous monstrer l’ingratitude
du monde, qui ne s’est point contenté de nostre
Seigneur Iesus Christ. D’autant plus donc nous
faut-il bien arrester à ce mot, et que tous nos sens
y soyent attachez: c’est asçavoir que quand le Fils
unique de Dieu nous a este envoyé, nous avons eu
toute perfection de bien, de félicite et de ioye: et
que si nous cherchons plus, c’est à dire que Dieu
ne nous suffit point. Et quel outrage est-cela,
quel sacrilege, et quel blaspheme, que Dieu ne nous
suffise point? Où est-.ce que nous trouverons une
seule goutte de bien hors de luy? Et quand nous
en serons séparez, qu’est ce que nous pouvons attendre
sinon que le diable nous possède? Et nous
aurons un tel salaire que nous avons mérité. Notons
bien donc que Dieu a desployé en nostre Seigneur
Iesus Christ toutes ses richesses, dont nous
pouvons estre rassasiez, mais cependant si nous
faut-il profiter de iour en iour, et comprendre ce
que nous n’avons pas encores obtenu. Car il y a
une grandeur en cela qui nous est incomprehensible,
et à laquelle nous ne parviendrons point du premier
coup: mais si nous y faut il tendre, et nous y
efforcer de plus en plus, comme S. Paul aussi en
parle. Et mesme combien qu’il eust servi à Dieu
si fidèlement qu’il avoit rempli le monde de la
doctrine de l’Evangile, tellement que c’estoit merveilles
que de luy, c’estoit plustost un Ange celeste
qu’un homme, toutesfois il dit, le n’ay point encores
appréhendé: mais ie m’efforce et ie m’esten
tousiours pour parvenir là où ie desire. l’oublie
tout ce que i’ay fait: car ie pourroye me refroidir
et perdre courage, pour dire, Et que les autres
viennent en rang, quant à moy, i’en ay assez fait.
Non (dit-il) i’oublie tout cela: mais ie cognoy qu’il
me défaut encores beaucoup, et pourtant ie marche
plus outre. Voyla donc comme nous devons prendre
ce mot dont il est yci parlé.

Or le Prophète ne parle point yci du salut
que nous avons traitté ce matin: mais le tout s’accorde
tresbien: car S. Matthieu dit que là Vierge
a conceu suyvant ce qu’il avoit recité, qu’elle a este
trouvée enceinte, voire du S. Esprit. Et comment
cela? C’est la promesse qui a este donnée de tout
temps: car il a este dit qu’une Vierge concevroit,
et qu’elle concevroit le Fils de Dieu. Et pour
quelle raison? Afin qu’il fust conioint avec nous.
Or regardons maintenant quel est le lien de ceste
union, et mesmes quel est le moyen que nous
avons d’approcher de Dieu, et comment c’est aussi
qu’il nous reçoit à soy. Cependant que nous demourerons
en nos péchez, il faut que nous soyons
aliénez de Dieu: car il ne peut avoir accointance
.avec nous cependant que le pèche y domine: il n’y
a non plus d’acoord qu’entre le feu et l’eau. Il
faut donc que pour estre Emmanuel, c’est à, dire
Dieu conioint avec nous, qu’il efface nos iniquitez
en premier lieu, et qu’il nous en purge tellement,
que nous soyons revestus de sa iustice. Et voyci
le moyen de ceste union. Non sans cause donc
l’Evangeliste allègue ce passage pour monstrer que
ce qui avoit este dit par la bouche du Prophete,
et mesmes prononcé de Dieu en son nom et en
son authorité, que cela a este accompli quand la
vierge Marie a conceu, non point d’une façon commune,
ni selon l’ordre de nature, mais par la vertu
secrete et admirable de Dieu, lequel a voulu sanctifier
son Fils unique dés son origine et sa conception.
Voyla donc comme ce passage est tresbien
allégué à propos. Et ainsi, nous voyons comme le
S. Esprit a pourveu de nous conformer. Car c’eBt
afin que nous sçachions que Iesus Christ n’est point
venu à la volée, et que l’Evangile n’a point este
forgé de nouveau, mais que c’est l’accomplissement
de toutes les prophéties anciennes, que c’est une
approbation de la vérité de Dieu, laquelle a este
cachée en partie, mais en partie aussi demonstree
entant qu’il estoit utile pour le salut des hommes.
Car les Peres anciens ont receu ce qu’il leur faloit
de doctrine, combien qu’elle eust este plus obscure
qu’auiourd’huy nous ne l’avons. Quoy qu’il en
soit, Abraham a veu le iour de Iesus Christ, comme
il est dit au huitième chapitre de sainct lean, et
s’en est esiouy. Voyla donc ce que nous avons à
retenir de ce passage.

Et finalement notons ce qui est yci dit de
Ioseph, qu’estant esveillé il a fait ce qui avoit este
dit par l’Ange. D’un costé nous voyons la promptitude
qui a este en luy d’obéir : et aussi pour nous
instruire il faut faire le semblable, que si tost que
nous aurons cognu la volonte de Dieu, nous marchions
comme il a fait. Et au reste, nous voyons
la certitude qu’a eu Ioseph: car les passions qu’il
avoit eues auparavant estoyent bien dures. Estant
homme, il pouvoit avoir ceste ardeur de ialousie
en soy: et estant iuste, il ne vouloit point adherer
au mal. Or maintenant le voyla tout résolu, il
prend sa femme, il obéit. Il ne faut point donc
estimer qu’il ait eu une imagination douteuse: mais
une pleine fermeté, que Dieu luy a déclaré que
c’estoit luy qui parloit par son Ange.

Et notamment il est dit qu’il n’a point cognu
la Vierge iusqu’à ce qu’elle ait enfanté son premier
Fils. Par cela l’Evangeliste signifie que Ioseph
n’avoit point pris sa femme pour habiter avec elle,
mais pour obéir à Dieu, et pour s’aquitter de son
devoir envers luy. Ce n’a point donc este ni pour
un amour charnel, ni pour profit, ni pour rien qui
soit qu’il a pris sa femme: mais c’a este afin d’obéir
à Dieu, et pour monstrer qu’il acceptoit la grace.
qui luy estoit offerte: comme aussi c’estoit un bien
qui ne se pouvoit assez estimer. Voyla ce que
nous avons à retenir. Or il y a eu aucuns, fantastiques
qui ont voulu recueillir de ce passage que
la vierge Marie avoit eu d’autres enfans que le Fils
de Dieu, et que Ioseph avoit puis après habité
avec elle: mais c’est une folie que cela. Car
l’Evangeliste n’a pas voulu reciter ce qui estoit
advenu après: il veut seulement declarer l’obéissance
de Ioseph, et monstrer aussi qu’il avoit este bien
certifié et deuement que c’estoit Dieu qui luy avoit
envoyé son Ange. Il n’a point donc habité avec
elle, il n’a point eu sa compagnie. Et là nous
voyons qu’il n’a point eu esgard à sa personne:
car il s’est privé de femme. Il pouvoit se marier
à un autre, d’autant qu’il ne pouvoit pas iouir de
la femme qu’il avoit espousee: mais il a mieux
aimé quitter son droict, et s’abstenir du mariage
(estant toutesfois marié), il a mieux aimé (di-ie)

demeurer ainsi pour s’employer au service de Dieu,
que de regarder ce qui luy fust venu plus à gré.
Il a oublié toutes ces choses, afin de s’assubietir
pleinement à Dieu. Et au reste nostre Seigneur
Iesus Christ est nommé le premier nay. Non pas
qu’il y ait eu ne le second ne le troisième: mais
l’Evangeliste regarde au precedent. Et l’Escriture
parle ainsi, de nommer le premier nay, encores
qu’il n’y en ait point de second. Nous voyons
donc l’intention du S. Esprit: et pourtant, de nous
addonner à ces folles subtilitez, ce seroit abuser de
l’Escriture saincte, qui nous doit estre utile a edification,
comme dit S. Paul. Et au reste, quand
les hommes sont ainsi fretillans, et qu’ils ont les
aureilles chatouilleuses pour appeler des speculations
nouvelles, il faut que le diable les possède tellement
qu’ils s’endurcissent, et ne les peut-on ramener au
bon chemin, qu’ils troubleront plustost et le ciel et
la terre qu’ils ne maintienent leurs erreurs et resveries
avec une obstination diabolique. D’autant
plus donc nous faut-il estre sobres pour recevoir la
doctrine qui nous est donnée pour accepter le Rédempteur
qui nous est envoyé de Dieu son Père,
et que cognoissans sa vertu, nous apprenions de
nous tenir pleinement à luy.

Or nous-nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, etc.

Bible Passage Translation

Matthew 1:22-25 (Victorian King James Version)

Now all this was done, that it might be fulfilled which was spoken of the Lord by the prophet, saying, [23] Behold, a virgin shall be with child, and shall bring forth a son, and they shall call his name Emmanuel [Is 7:14; 9:6], which being interpreted is, God with us. [24] On waking from sleep Joseph did as the angel of the Lord had commanded him; he took his wife home, [25] And he knew her not till she had brought forth her firstborn son: and he called his name Jesus.

Translation of Final Blue Portion (by Facebook friend Gregory Fast):

Certainly, it is said that he did not know the Virgin until she gave birth to her first Son. By this, the Evangelist means to signify that Joseph did not take his wife to live with him, but in obedience to God and to  discharge his duty towards Him. It was not then to be carnal love, nor to take advantage of the situation, or any reason at all, that he took his wife, but it was to obey God, and to accept the grace he had been offered: as that was a blessing beyond estimation.

See, that is what we have to remember. But there were some crazy people who wanted to gather from this passage that the Virgin Mary had had other children than the Son of God, after Joseph had lived with her, but it is foolish to think that because the Evangelist would not recite what happened afterwards: he only wants to declare the obedience of Joseph, and how he showed a well-certified tenderness in that God sent his angel to him 


He never lived with her. He never had her company. And there we see that [he]  took no regard for himself because he was deprived of a woman. He could have married another, but he could not swear off the woman he had engaged. But better he leave his beloved rights and abstain from marriage (even though all the while he was married), he preferred to remain so as to employ the service of God, while watching what came over him through his agreement. 


He forgot all these things in order to submit fully to God. And in the rest (of the account) of our Lord Jesus Christ, he is called the first born; there was not a second, nor a third, but the Evangelist looks only to the first . And Scripture speaks thus of naming the first born, again that there may be no second. 


So we see the intention of the Holy Ghost: and yet we must abandon these crazy subtleties; it would be abuse of the holy Scripture, to us a not even useful edification, as St. Paul says.


And besides, when men are like fretillans, and they have the ticklish ears to listen to speculative news, it is necessary that the devil has done so they may harden, and we seek the right way, and they disturb rather than have the sky and land, they maintain their mistakes and dreams with diabolical obstinacy, especially all the more must we strive to be sober to receive the doctrine given to us to accept the Redeemer to us from God the Father, being knowledgeable and virtuous, we learn from this to keep us fully to him as we prostrate ourselves before the majesty of our good God, etc.

* * *

Here is a portion of it from Max Thurian (translated by Nevill B. Cryer), in his book, Mary: Mother of All Christians (New York: Herder & Herder, 1963, pp. 39-40):

There have been certain strange folk who have wished to suggest from this passage that the Virgin Mary had other children than the Son of God, and that Joseph had then dwelt with her later; but what folly this is! for the gospel writer did not wish to record what happened afterwards; he simply wished to make clear Joseph’s obedience and to show also that Joseph had been well and truly assured that it was God who had sent His angel to Mary.

He had therefore never dwelt with her nor had he shared her company. There we see that he had never known her person for he was separated from his wife. He could marry another all the more because he could not enjoy the woman to whom he was betrothed; but he rather desired to forfeit his rights and abstain from marriage, being yet always married: he preferred, I say, to remain thus in the service of God rather than to consider what he might still feel that he could come to. He had forsaken everything in order that he might subject himself fully to the will of God.

And besides this, our Lord Jesus Christ is called the first-born. This is not because there was a second or a third, but because the gospel writer is paying regard to the precedence. Scripture speaks thus of naming the first-born whether or no there was any question of the second. Thus we see the intention of the Holy Spirit. This is why to lend ourselves to foolish subtleties would be to abuse Holy Scripture, which is, as St. Paul says, “to be used for our edification.”


Browse Our Archives